L'actualité de la crise : LE TEMPS VENU DES EXPÉDIENTS, par François Leclerc

Billet invité.

Peut-on vivre d’expédients ? Réservée d’ordinaire aux saltimbanques, cette question peut désormais être posée aux plus hautes autorités du monde capitaliste avancé.

Les responsables des organisations internationales se bousculent ces derniers jours pour annoncer une baisse de sa croissance prévisionnelle, le dernier en date étant Jean-Claude Trichet, au nom de la BCE. L’assortissant de sa vision de la situation en faisant état, une fois n’est pas coutume, d’une « énorme incertitude ». Ce qu’il n’aime pas, pas plus que les marchés.

En désespoir de cause, tous les regards se tournent vers la Fed, qui va tenir les 21 et 22 septembre prochains une séminaire de deux jours de son comité de politique monétaire (FOMC). Car ni la BCE ni la Bank of England n’ont rien à dire, comme à l’habitude. Que peut-elle faire de plus, s’interroge-t-on, après avoir déjà acquis pour 2.325 milliards de dollars de dette américaine et de titres immobiliers et maintenu son taux à un quasi 0% ? Un énorme montant qui permet au passage de mieux comprendre pourquoi la crise apparaît plus aiguë en Europe, où les Etats et les banques se débattent avec leur dette sans bénéficier d’un tel soutien de la BCE.

D’après le Wall Street Journal, la Fed a trois leviers à sa disposition, une fois écarté un improbable troisième round de quantitative easing qui permettrait d’acheter à nouveau des obligations US. Le premier est de mettre les points sur les « i » à propos d’une décision déjà prise, le maintien de son taux actuel quasi nul pendant les deux années à venir, en précisant à l’avance quel taux d’inflation ou baisse du chômage l’amèneraient à le remonter, ce qui pourrait renvoyer cela à plus tard encore. Mais les esprits ne sont pas chauds pour utiliser ce dernier indice, ce qui en dit long sur ce qui est espéré en matière de baisse du chômage.

Le second est de ne plus rétribuer les dépôts faits par les banques à la Fed, qui bénéficient actuellement d’un taux de 0,25%, afin de les inciter à injecter ces sommes dans l’économie. Le troisième d’opérer un twist en échangeant les bons du Trésor en sa possession contre d’autres titres à plus longue échéance, ce qui permettrait d’allonger la maturité moyenne de la dette américaine et surtout de la rendre moins sensible aux fluctuations des taux des obligations de courte maturité.

Ces mesures inciteraient les banques à prêter et les emprunteurs à s’adresser à elles, tout en faisant encore baisser les taux des obligations d’Etat sur le marché, rendant moins onéreux le service de la dette pour le budget. Rien de tout cela, vu ce qui peut en être espéré, ne pourra toutefois prétendre changer la face du monde, c’est à dire relancer la croissance américaine.

A Washington, on enregistre une certaine exaspération à peine contenue à propos des cafouillages en série des Européens, en craignant les conséquences qui pourraient se propager via le système bancaire. Le G8 finances de Marseille s’ouvre demain, mais nous sommes rassurés, François Baroin ayant déclaré que tout allait pour le mieux dans les relations avec les Américains.

En Europe on n’est pas mieux loti, et l’on cherche aussi à desserrer un étau, afin de financer le Fonds de solidarité financière (FSFE), qui pourrait être appelé à recapitaliser les banques, grâce à une taxe sur les transactions financières. Nicolas Sarkozy est à la manoeuvre, discutant avec Algirdas Semeta, le commissaire européen chargé de la fiscalité. L’idée est que Bruxelles propose dès que possible cette taxe, dont les contours se dessinent, pour tenter de la faire adopter la plus largement possible en Europe, afin de la présenter ensuite au G20 de novembre prochain, à Cannes, pour montrer que l’on aura tout essayé, vu le prévisible refus américain et britannique de s’engager sur cette voie.

L’assiette de la taxe serait la plus large possible, pour que son taux soit aussi bas que nécessaire, afin de la rendre « indolore ». Pour la même raison, le taux serait variable suivant la nature de la transaction taxée, de l’ordre de 0,1% si elle concerne des actions et obligations, et 0,01% s’il s’agit de produits dérivés. Les estimations différents à propos de son rendement, mais on parle de 20 à 40 milliards d’euros annuel si la zone euro était toute entière concernée, ce qui a un indéniable côté fonds de tiroir au regard des financements qui vont être nécessaires. Le second plan de sauvetage de la Grèce est pour mémoire de 159 milliards d’euros, tout confondu.

Une question encore plus aiguë appelle une réflexion sans tarder. Que faire à propos de la Grèce au cas où elle s’effondre ? La Troïka s’est indirectement remise à l’ouvrage à Athènes, après une sortie théâtrale, avant de revenir sur place dans une semaine, mais les chiffres sont là, qui relativisent les procès fait au gouvernement grec : le PIB a davantage chuté qu’il était déjà estimé, la contraction sur un an étant désormais révisée à 7,3% pour le second trimestre, ce qui devrait aboutir en fin d’année à un recul du PIB de 5% au lieu des 3,5% projetés. Que le gouvernement soit reconnu dans les clous de ses engagements, comme exigé par les Allemands, va demander quelques astuces comptables si l’on veut y parvenir, que cette fois-ci on ne pourra pas reprocher aux Grecs. Il y a à la clé le versement d’une nouvelle tranche du premier prêt, sans laquelle la Grèce est en faillite. E la nave va!

Anticipant le pire, la Commission a immédiatement fait savoir qu’une sortie forcée du pays était hors de question, alors que le ministre des finances hollandais, Jan Kees de Jager avait affirmé que « si un pays ne souhaite pas satisfaire aux exigences, alors il n’y pas d’autre option que de la quitter [la zone euro] ». De son côté, Jean-Pierre Jouyet, le président de l’Autorité des marchés financiers français, a envisagé une éventuelle mise sous tutelle du pays, car « il faut aller jusqu’au bout du plan du 21 juillet », sous entendu, il n’y en a pas de rechange. Sans expliciter comment il concevait la prise de cette décision et sa mise en œuvre.

Tout ne tient plus qu’avec des petits bouts de ficelle qui se tendent exagérément.

57 réponses sur “L'actualité de la crise : LE TEMPS VENU DES EXPÉDIENTS, par François Leclerc”

  1. Mise sous tutelle.
    C’est n’importe quoi !!! Et pourquoi pas une occupation du pays par les troupes de l’OTAN.

      1. Exact rien ne se fait si c’est pas financièrement intéressant, la Grèce ne sera pas occupée par les troupes de l’OTAN

    1. Et pourquoi pas une occupation du pays par les troupes de l’OTAN.

      Mais les troupes de l’OTAN occupent déjà la France,
      comme la Grèce et l’essentiel de l’Europe.

      Elles viennent même de faire des exercies vraie grandeur de guerre civile,
      tout près de nous, en face de la Sicile…

      La question, c’est comment on s’organise, progressivement,
      sur tous les terrains nécessaires,
      pour passer de l’indignation aux affrontements,
      pour mettre en retraite la tyrannie et les troupes du capital.

    2. bonjour ,
      chuuuuttttt bidules , ne pas leur donner d’idée , ils sont capable de le faire tu sais

    3. Ca c’est une bonne idée tient, ca occupera les militaires pour éviter un coup d’état ailleurs 😉

    4. un coup d’état n’est pas à exclure :

      un putsch des dirgeants des mutinationales « européennes » ou des gouvernements européens dans les deux cas leurs interets seraient sauvegardés un temps .

      et à voir l’espagne et la grece , l’armée ne bougera pas contre l’establishment .

    5. On pourrait aussi nommer Goldman Sachs comme tuteur de la Grèce, j’ai entendu dire qu’ils connaissaient déjà un peu le coin

    6. Mais oui, pourquoi pas? Évidemment les grosses fortunes grecques seraient mises à contribution par une taxe exceptionnelle de 0,1 % de leur patrimoine. En échange de quoi, l’État est démantelé, le droit du travail révoqué et le peuple mis en esclavage. Avantage écologique: on aura plus besoin d’aller jusqu’en Chine pour délocaliser.

    7. Certains comme ATTALI en rêvent. Ils rêvent d’un monde de bisounours à la sauce totalitaire par la destruction des états nation car le monde devient un village et il faut gérer un village comme un village…

      C’est une vision apocalyptique de l’évolution du monde vue par un Nabab du système bien à l’abri de la moindre turbulence et qui promeut l’avènement d’une nuit du 4 Août provoquée par l’oligarchie sur les peuples pour l’établissement d’un gouvernement mondial.

      Extrait sur France2 du grand démocrate qui ne dit pas forcément « un gouvernement mondial » mais, je le cite : « il faudrait une sorte de nuit du 4 août. Pour cela, on déciderait de la fusion du G20, du conseil de sécurité et du comité intérimaire du fond monétaire, c’est à dire des instances dirigeantes de ces trois groupes pour avoir l’amorce d’un vrai gouvernement mondial en mettant sous ses ordres l’OTAN qui n’aurait plus de raisons d’être en tant que tel mais qui peut très bien être une police mondiale comme on le voit s’exprimer en tant que tel. (sic) »

      Ainsi, selon ce grand « intellectuel », vous pourrez partir en vacances partout en toute sécurité ! Si.. si ! Il le dit !!

      Regardez la vidéo, que du bonheur !
      http://www.dailymotion.com/video/xin730_jacques-attali-annonce-le-chaos_news

      Et puis ça aussi !
      UN DE SES PLUS GROS MENSONGES concernant la Grèce ! : « Rien n’a été prévu pour sortir un pays de l’union Européenne et cela a été voulu dès le départ. »

      MENSONGE ! MENSONGE ! MENSONGE ! LA GRECE PEUT SORTIR DE L’UNION !

      L article 49A du traité de Lisbonne prévoit une clause de sortie qui confère aux États membres le droit de se retirer de l’Union européenne.

      1. Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se
      retirer de l’Union.

      2. L’état membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. À la
      lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet État un
      accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures
      avec l’Union. Cet accord est négocié conformément à l’article 188 N, paragraphe 3, du traité
      sur le fonctionnement de l’Union européenne. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil,
      statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.

      3. Les traités cessent d’être applicables à l’État concerné à partir de la date d’entrée en
      vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification visée au
      paragraphe 2, sauf si le Conseil européen, en accord avec l’État membre concerné, décide à
      l’unanimité de proroger ce délai.

      4. Aux fins des paragraphes 2 et 3, le membre du Conseil européen et du Conseil
      représentant l’État membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du
      Conseil européen et du Conseil qui le concernent.

      De plus le traité de Lisbonne renforce le rôle des Parlements nationaux.

      Le traité de Lisbonne prévoit un mécanisme de contrôle renforcé du respect du principe de subsidiarité. Ce mécanisme permet aux Parlements nationaux de faire échouer des propositions de la Commission qui ne respecteraient pas ce principe.

    1. Merci pour le lien.
      Edifiante plongée au coeur du mess des officiers… pendant que le bateau se fissure.

  2. Dans 2 jours, cela fera 6 mois que Fukushima rejette ses particules sur le Japon et le monde.

    Une compilation importante des derniers articles vient d’être publiée sur http://fukushima.over-blog.fr/ .
    A la fin de ce « bulletin », vous trouverez des liens de sites indépendants qui tentent encore d’informer le monde, tout en souhaitant la réactivation des interventions de certaines sources, telles celles de M. Leclerc.

    http://fukushima.over-blog.fr/article-fukushima-dernieres-nouvelles-de-septembre-83615741.html

    1. Je suis le premier à regretter de ne pas poursuivre ma seconde chronique, mais la première m’accapare !

      Mais il est vrai que les conséquences de Fukushima sont énormes au Japon. Comment ce pays va-t-il relancer son parc nucléaire, qui contribuait à raison de 30% à la satisfaction de ses besoins énergétiques ? Va-t-il, en dépit des énormes résistances internes au système de pouvoir japonais, finalement se diriger vers un abandon du nucléaire ? Que va susciter dans l’opinion la réalité d’une contamination plus élevée que reconnue et l’attitude des pouvoirs publics la masquant et n’y réagissant que très imparfaitement ?

      La crise est également politique, ainsi qu’économique et financière. Cela fait beaucoup.

      Toutes ces questions, et d’autres, mériteraient d’être traitées depuis le Japon. Traçant de facto la limite de ma propre chronique.

      1. Pas bon pour tout-à-chacun qu’une chose nous accapare trop l’esprit.

        Je comprends bien la chose, mais je pense que c’est pourtant jouable, surtout au regard de votre propre rythme d’écriture sur la crise, pas forcément non plus en coupant la pomme en deux en nombre de billets sur le blog.

        Mais dans l’idée de pouvoir mieux vous permettre de faire un break, si la première chronique vous accapare trop l’esprit et l’attention en nombres de billets, essayez quand même de temps en temps pour la seconde et rien que sur l’essentiel, traçant une moins grande chape de plomb sur ce qui se passe là-bas.

        Tant de gens déjà bien oubliés un peu partout, pauvres ombres déambulantes peut-être que pour certains c’est déjà bien plus dure à vivre moralement et physiquement et qu’ils aimeraient bien alors que JJ fasse de nouveau réfléchir Mr Leclerc sur la question.

        Je vous en prie n’accordait pas autant d’écrits à ceux qui nous y conduisent tout droit dans notre coin, surtout si vous n’êtes guère peu entendu sur votre première chronique, peut-être que vous le serez un peu plus sur la seconde, peut-être bien notre propre futur en gestation.

        Dans notre monde les débats de société, se limitent souvent aux premières priorités dirigistes de nos élites marchandes. Je ne peux pas non plus vous y forcer, y obliger, mais si j’avais votre propre talent d’écriture et d’analyse sur les choses, enfin c’est vous qui voyez, com un meilleur directeur de rédaction.

        Je pense même qu’un jour viendra, vous vous sentirez de nouveau dans le devoir de nous en reparler le premier, non parce que vous aurez pris connaissance de cela ou d’autre chose, mais bien plus en votre ame et conscience à vous dire que le monde est bien mal barré ces derniers temps.

        Vous pourriez même en faire un parrallèle, dans le fait que nous sommes de plus en plus sous-informés et cela au fur à mesure que les choses se délitent.

        Vous savez depuis le Japon, des gens ne trouvent peut-être pas plus de lecteurs et d’échos, lorsque les gens viennent parfois plus souvent vous lire sur la crise financière, c’est déjà beaucoup.

      2. http://blogs.mediapart.fr/blog/michel-de-pracontal/100911/samedi-sciences-9-fukushima-six-mois-apres

        extraits :
        … »Des tests urinaires ont été effectués sur dix enfants et adolescents âgés de 6 à 16 ans et vivant dans la préfecture de Fukushima avant l’accident. Neuf d’entre eux ont été évacués dans d’autres régions du Japon, le dixième est resté. Deux séries de tests ont été pratiquées, fin mai puis fin juillet. Résultat : le niveau de césium 137 mesuré dans les urines des neuf qui ont quitté Fukushima a baissé de 20 à 70%, alors qu’il a augmenté de 11,5% pour l’enfant qui est resté dans la préfecture de Fukushima. Le groupe de citoyens japonais qui a organisé ces tests a fait appel à l’association française Acro. L’augmentation de césium dans les urines de l’enfant resté près de Fukushima pourrait être due à la consommation d’aliments et d’eau contaminée.

        Un sondage de Kyodo news daté du 9 septembre montre que 90% des personnes déplacées, dont beaucoup vivent dans les préfectures limitrophes de Fukushima, ignorent où elles s’installeront plus tard. L’accident nucléaire a bouleversé leur vie, et continuera de le faire encore longtemps… »

        … »Selon Hiroaki Koide, enseignant à l’université de Kyoto et expert dans le domaine nucléaire, la situation est encore loin d’être sous contrôle. « Sans information pertinente sur ce qui se passe à l’intérieur des réacteurs, il est nécessaire de considérer plusieurs scénarios, écrit Koide dans Mainichi du 9 septembre. A l’heure actuelle, je crois qu’il existe une possibilité que des quantités massives de matières radioactives soient à nouveau relâchées dans l’environnement.» En effet, selon Koide, on ne peut pas exclure que du combustible fondu se soit échappé du réacteur n°1 et se soit répandu dans le sol. « Nous sommes confrontés à une situation à laquelle l’humanité n’a jamais eu à faire face auparavant»,estime Koide… »

        … »L’exemple le plus récent : une commission parlementaire qui a demandé à Tepco des documents censés éclairer le déroulement de l’accident, a reçu un manuel de six pages quasiment illisibles parce qu’une grande partie du texte a été passé au feutre noir… »

    2. Un homme en tenue de décontamination nous à pointé du doigt devant une des caméras de surveillance de la centrale pendant un bon quart d’heure.
      Le doigt était dans la tombe et désignait quel camp ?
      Celui de l’oublie ?
      A voir sur Agoravox présentement.

      1. Oui avec une telle chape de plomb de plus dans les divers médias du monde bientôt ce sera peut-être aussi notre tour sur terre.

    3. Fukushima.

      Le cumul des substances radioactives rejetées en mer par la centrale nucléaire de Fukushima serait environ trois fois plus important que ne le pensait l’opérateur du site

      Mais une équipe de chercheurs, dirigée par Takuya Kobayashi, de l’Agence de l’énergie atomique japonaise, a fondé ses estimations sur d’autres données, provenant notamment d’échantillons d’eau de mer pris entre le 21 mars et le 30 avril

      D’où l’importance capitale de ces prélèvements et étude lors de la catastrophe. On comprend alors la réticence à laisser Greenpeace faire ses propres mesures… La société du spectacle. Aujourd’hui, on forge la vérité, on ne la recherche plus.

    4. Merci ph pour ce point qui me permet de répondre simplement et le plus complètement possible à la question courante des nucléo optimistes
      « Et Fukushima, c’est OK ? » derrière laquelle on devine
      « Il n »y avait pas de quoi en faire un plat » et surtout
      « Vive le nucléaire, GO »

  3. Bonjour Mr Jorion
    Votre passage sur France3 -émission de N. Taddei – lors de l’appel de Cantona m’avait conquis. Après avoir lu l’argent, mode d emploi et la fin du capitalisme, je suis un lecteur assidu 😉
    Merci à vous qui m’avez permis de m’intéresser au monde économique et de le voir sous un autre prisme
    Voilà qui est dit.- je tenais à vous en remercier-

    « …. la nature de la transaction taxée, de l’ordre de 0,1% si elle concerne des actions et obligations, et 0,01% s’il s’agit de produits dérivés. »
    On privilégie toujours les produits financiers les plus décorrélés de l’économie réelle

    1. Voir aussi le papier du Monde du 8 septembre, un bref entretien du 6/9 avec Alfredo Calcagno, un des responsables du Rapport 2011 de la CNUCED (accès aux abonnés).
      « La politique de resserrement budgétaire repose sur un diagnostic erroné ».

      Extrait (réponse à la dernière question de l’entretien concernant la position de Christine Lagarde) :

      « Il faudrait de la diversité bancaire et réintroduire des établissements postaux ou mutualistes, afin d’en finir avec la monoculture financière qui rend le système pro-cyclique, toutes les banques achetant et vendant ensemble. Il faut revenir à la banque traditionnelle qui gagne sa vie de la différence entre le taux auquel elle emprunte et celui auquel elle prête, après avoir vérifié le risque.

      Actuellement, elle fait supporter celui-ci par le client ou par l’Etat, selon le principe «pile, je gagne; face tu perds». Seule une régulation mettra de l’ordre dans la grande pagaille qu’est devenue la finance mondiale. »

      A la question « qu’est devenue la finance mondiale » on trouvera des réponses sur le fond dans le dernier livre de Marc Roche « Le capitalisme hors la loi » qui était présenté sur F Inter, avec en prime les compléments pertinents de Jean Arthuis, un sénateur centriste (pas vraiment gauchiste donc).

      http://www.franceinter.fr/emission-le-79-marc-roche-jean-arthuis

      Mario Draghi et GS ne sont pas épargnés pas plus que les paradis fiscaux et les zones grises.
      Et aussi quelques remarques qui valent leur pesant de règle d’or :

      L’Europe possède un règlement de copropriété bancal
      Qui pouvait ignorer le problème grec, le parlement savait tout à travers Eurostat, les gouvernements étaient informés
      Il est plus facile de taxer la classe moyenne que de traquer l’évasion fiscale
      Les Etats sont partie prenante et trouvent des complicités
      REGULER, réguler, réguler, le lobbie bancaire est très habile
      Encadrer les CDS, sanctuariser les activités de dépôt

      Le mot de la fin de cette matinale :

      « la financiarisation outrancière de l’économie a conduit à la désindustrialisation de l’Occident »

      Voila qui éclairera nombre de mes proches des milieux ouvriers qui ne comprennent toujours pas le recul dramatique des industries et imputent trop de maux au 35 heures par exemple.

      Merci à Marc Roche, toujours percutant et solide comme…. et dont j’apprécie régulièrement les papiers dans le Monde.

      Cette matinale, le document de Paul sur les maîtres du monde et même un C dans l’air qui concluait que l’on devait nationaliser les banques démontrent que certaines réalités rentrent dans le domaine public, enfin.
      « N’est il pas trop tard ? » dirait Paul.

  4. Il faut que les prêteurs à la Grèce obtiennent des garanties. Celle ci peut encore en donner : les iles. Il pourrait être convenu qu’à défaut de remboursement au terme d’une période convenue, les iles grecques concernées deviendraient autonomes, sous la tutelle directe de l’UE. Bonne avancée du fédéralisme et gage de développement économique pour ces territoires.

    1. Bref, vous proposez de démanteler une nation souveraine, et de fouler aux bottes un peuple entier.

      Et les habitants des îles en question, vous en faites-quoi? Il faut bien s’en débarrasser, non, pour faire place nette pour les nouveaux proprios?
      Ma proposition : on en fait des croquettes pour chiens… Nouveau, les croquettes-souflakis, pour le bien–être de votre toutou!

      1. Amsterdamois,
        Je doute que la croquette souflakis se vende facilement. Et puis pas besoin d’inventer des solutions aussi compliquées – pensez aux protestations de ces infâmes gauchistes – il y a déjà des mécanismes efficaces et qui fonctionnent, comme aux Maldives.
        Les populations (vivant de la pêche) sont évacuées des iles et parquées dans des bidonvilles. Les iles ainsi nettoyées peuvent être louées aux riches occidentaux. Elle est pas belle la vie?

      2. Guaino y pense pour gagner le vote du coeur de cible,
        les « classes popu » (sic):
        vendre les deux iles les plus riches de France (Cité et St Louis) à la Chine,
        pour renflouer les caisses de la Sécu…et embaucher des profs, des infirmières, etc

    2. Bonne idée.

      Mais y’a t’il des acheteurs ?

      Pour avoir passé de nombreuses années mes vacances sur l’ile de Paros. Je ne vois pas ce que l’on peut en tirer !

      La pêche ? Même pas. Les fonds ont été chalutés et il ne reste plus que des cailloux et du sable.

      Les carrières de marbre de Lefkes ? Encore faudrait il que l’on ait un petit satrape européen veuillant ériger des monuments à sa gloire.

      Non vraiment je ne vois pas. A part recouvrir la totalité des iles de panneaux solaires.

  5. C’est bientôt la fin du système et ces messieurs de l’oligarchie s’agitent pressentant l’échéance finale pour tenter de faire croire que la situation est sous contrôle.
    D’actions, ils ne font que du vent, Obama, Sarko, Guaino : les déclarations viendront nourrir bientôt leur acte de contrition du genre : j’ai essayé de faire ce que j’ai pu, je ne savais pas, on ne m’avait rien dit, c’est la faute de l’autre.
    Salaire-emplois en berne = déficit croissant = endettement en flèche = fin du crédit = effondrement du système de Ponzi c-à-d de la sphère financière actuelle.

  6. Vivre d’expédients : Moyen provisoire et extrême, voire indélicat ou illicite, pour se procurer de l’argent.
    Vous avez quelque chose contre les « saltimbanques » ?
    L’assonance peut-être avec « sales banques mal tenues » et le cirque ambiant…..

  7. Plus drôle qu’Obama et Guaino, un banquier qui crache « le morceau » ! Cette petite vidéo est un bijou, elle est passée le 6/09 sur BFM TV, ou sur le site : http://minuit-1.blogspot.com/. L’homme qui se lâche, est Olivier Delamarche, un gestionnaire d’un fond de placement « Platinium Gestion ».
    Aujourd’hui, sur le site Boursorama, http://www.boursorama.com/votreinvite/interview.phtml?num=e528d2057e8ba23a97f293bbe79773a6 ,
    c’est Marc Roche, le très libéral correspondant du Monde à la City depuis 20 ans qui a lui aussi de sérieux états d’âme. S’il pense toujours que « le capitalisme est le système le plus performant pour créer des richesses », pour autant, il est « choqué », il dénonce la pieuvre Goldman Sachs, le « capitalisme de l’ombre » qui échappe à toute forme de contrôle puisque c’est un « capitalisme hors la loi » (son dernier livre). Cette posture n’est pas nouvelle, la formule « face inacceptable du capitalisme » est du conservateur Edward Heath, premier ministre britannique dans les années 70. Les « lignes » bougent et elles bougent vite en ce moment, « l’impensable » devient possible.
    L’ « agonie du capitalisme » si bien décrite ici avec la description par le menu des errements de tous ses « dirigeants » est maintenant bien perçu dans l’autre camp et semble porter atteinte au moral des nouveaux/futurs « sauveurs » du « système » par la moralisation et la régulation.
    Pas facile dans ce chaos généralisé de décrire la vie des « saltimbanques » et d’y rechercher une rationalité, c’est bien que certains s’y collent, nous restons toujours fascinés, sidérés par « le Monstre ». Mais les lignes bougent aussi ici, le sentiment qu’il faut passer de la description du monde qui va finir par lasser à la recherche des solutions et des moyens pour le changer fait son chemin, « premières briques de la prochaine maison ». http://www.pauljorion.com/blog/?p=28312 .
    Bien le concept de la « prochaine maison » car dans toute aventure humaine, on ne part jamais de zéro, on démarre toujours une histoire par le milieu, qu’est devenue donc, l’ancienne maison ?
    Et ce type de maison ça se construit par les murs en briques ou par le toit ?
    « Alea jacta est », nous n’avons plus le choix, « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté et de l’action » (GRAMSCI). Et si on jouait un coup d’avance, pour une fois, QUE FAIRE ?

  8. Encore un hors sujet, dont il ne faudrait pas abuser, mais je ne sais pas quoi en penser :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Milner

    Est passé sur Fr C ce matin, je l’ai pris au vol en passant le café….

    Le sujet concernait notamment l’évaluation des Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC), pas comparaison avec la psychanalyse.

    – « Le bilan n’existe pas », commence-t-il par affirmer, faisant comme si par contraste, le bilan de la psychanalyse lui, existait. Passant sous silence les difficultés d’évaluations. Bref.

    Ensuite, concernant l’opinion sur ces sujets, il affirme que « l’opinion se retourne toujours » (d’où prend-il cela, affirmation anti-humaniste d’un autre âge ?), puis s’en réfère à un article du Time Magasine d’il y a un an, pour dire que les TCC s’interrogeaient justement sur l’importance du rapport à la mère dans la prime enfance, se concluant par « et Freud à été le pionnier dans ce domaine ».

    Comme productions d’arguments, on fait mieux. D’abord glisser des faits à l’opinion sur les faits, ensuite produire un article d’un journal grand public, où l’on peut glaner tout et n’importe quoi, l’opinion et son contraire notamment.

    – Concernant notre thématique de la valeur, il a insisté sur l’importance de l’acte de payer l’analyse, sinon la parole n’a pas de valeur ! La valeur de ce qui est dit est « étayée » par le coût que cela représente pour l’analysant.

    C’est un peu ce que j’avais écris ici sur l’importance de l’argent comme pourvoyeur de valeur, comme « étalon » d’un principe anthropologique de valeur, mais je me méfie de cela, car une jolie figure par ex. ne se convertit pas nécessairement en argent comptant, et l’amour ou la renommée n’est pas nécessairement équivalent à de l’argent.

    Il a tissé la comparaison avec les oeuvres d’arts, dont il n’est pas évident qu’elles soient considérées comme un « placement »…

    Alors, si ce que vous dites n’est pas sous-tendu par une relation économique ça n’a pas de valeur (au sens thérapeutique en tout cas, selon cette théorie). Je me demande à quel point le fétichisme de l’argent n’envahit pas certains esprits intellectuellement brillants : Si on me dit je t’aime, la prochaine fois je demande 100 E pour m’assurer que cela ait une valeur… sinon ce sont des paroles en l’air. Il est étonnant, pour une discipline basée sur l’amour de considérer que l’argent a plus de valeur que le registre pulsionnel tout entier. Sans doute l’étayage remonte à la relation au sein maternel, puisque la tétée s’accompagne bien entendu d’un échange d’argent entre la mère et l’enfant. C’est par la tétée que l’on contracte ses premières dettes, et l’amour, la relation, s’étaye sur l’échange d’argent. Puisque c’est cela qui confère la valeur à ce qui est dit, et ressenti. Je pense que Molière aurait pu écrire une pièce sur ces messieurs Trissontins. Freud n’a jamais dit que l’argent avait une quelconque valeur dans l’analyse, ce sont véritablement des stupidités ad hoc, qu’il est impossible de soutenir en théorie ; une théorie qui en arrive à de telles contorsions ne mérite que le mépris c’est ce que je pense… ils ne se réfèrent pas eux, à la prime enfance quand cela ne leur est pas « utile » !

    D’autre part ces messieurs ignorent avec constance le fait qu’ils sont, sur tous les sujets abordés, à la fois juges et partis mais leur position de « maitrise » les place au dessus du genre humain dans un absolu impartial, non sujet à l’erreur, voilà l’impression laissée.

    La page de wikipédia n’est pas faite pour redressé l’impression négative, notamment ses propos sur Pierre Bourdieu.

    Pour finir, les TCC ont de très bon résultats concernant les phobies par exemple, en exposant la personne progressivement à l’objet de sa phobie tout en veillant à contrôler le niveau d’angoisse. D’autre part même les rats guérissent de leur névrose (acquise) en observant leurs congénères, – la thérapie par la parole n’est donc pas la seule voie possible, et l’avantage c’est qu’on casse l’immobilisme de la situation. Alors qu’il est possible de passer toute sa vie en analyse sans que rien en change jamais. Des analyses de 18 ans ça existe et même davantage.

    1. Je pense que le « tombeau » que l’on dresse en ce moment à Lacan est grandiose mais pathétique. Tous les extraits de Lacan me font penser au Malraux de la grande époque avec les trémolos dans la voix , « …entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi. »… la voix de guru, du registre le plus empreint de pathos avec toute cette lourdeur romantique des sentiments ne rend pas justice à ce qui serait récupérable de la pensée de Lacan. Ils en font une îdole à l’usage des foules, un thaumaturge malgré lui…

    2. @lisztfr

      Concernant le bilan dont vous parlez, il a été réalisé, il y a quelques années, par l’Inserm dans un rapport qui comparaît, sur la base de métaanalyses, les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) et la psychanalyse. C’est sur la base de ce rapport qu’Onfray avait écrit son brûlot contre Freud.

      Travaillant dans le milieu neuropsychiatrique, je m’étais fortement intéressé à cette question et plus particulièrement à ce rapport qui, comme vous le savez peut-être, conclut à la supériorité des TCC. Toutefois, en lisant scrupuleusement ledit rapport, on s’aperçoit que les preuves de l’efficacité de la psychanalyse, appelée dans ce rapport « psychothérapie psychodynamique », sont loin d’être nulles, bien au contraire. Elle se montre, notamment dans les dépressions, comparable en terme d’efficacité aux fameuses TCC (techniques cognitivo-comportementales) et montre également une efficacité dans les névroses et les phobies.

      En outre, ce travail est loin d’être irréprochable sur le plan méthodologique.
En parler ici serait trop long, mais il s’avère que certaines métaanalyses favorables à la psychanalyse ont été délibérément oubliées dans les évaluations, que l’utilisation de certaines échelles d’évaluations (BDI) avantage les TCC aux dépens de la psychanalyse, et, pour finir, que le nombre de métaanalyses retenues pour les TCC est très largement supérieur à celles retenues pour la psychanalyse ce qui, de facto, avantage les 1ères au détriment de la seconde.

      Je n’ai rien contre les TCC dont l’efficacité thérapeutique est avérée, mais n’oublions pas qu’elles aussi procèdent d’une nouvelle forme de terrorisme intellectuel qui tend à vouloir tout soumettre à l’évaluation, au calcul, à tout vouloir protocoliser en gommant au passage les singularités. Nous sommes au temps de la « tyrannie de la moyenne » ; tout ce qui dépasse doit être éliminé, éradiqué ou pire, n‘existe pas.
      Quand Jean-Pierre Changeux dans une conférence donnée au collège de France, prédit que désormais ou à brève échéance, nous connaîtrons tout du fonctionnement cérébral et qu’il sera possible, dès que nous connaîtrons tout des interactions neuronales, de connaître nos pensées 2 minutes avant que nous en ayons conscience, nous sommes en droit d’être terrifiés. Encore plus terrifié, quand dans un bel excès de certitude, il nous annonce que désormais, il ne sert plus à rien de s’intéresser à la conscience ou à l’esprit puisque la science, sa science, permettra de tout révéler. Voilà un bel optimisme dangereux qui conduit à la négation de la singularité et l’existence même de nos processus inconscients, tout aussi incertains que l’avenir.

      N’oublions pas non plus que les théories comportementalistes depuis Skinner et Pavlov sont devenues des alliées objectives des techniques de manipulation et de propagande dont nous sommes tous les jours les victimes. La méfiance est donc de rigueur. Certes, nous pouvons être agacés par la défense des Roudinesco, Miller et consorts, et ce sentiment qui vous fait écrire : D’autre part, ces messieurs ignorent avec constance le fait qu’ils sont, sur tous les sujets abordés, à la fois juges et partis mais leur position de « maitrise » les place au dessus du genre humain dans un absolu impartial, non sujet à l’erreur, voilà l’impression laissée. Mais, je reste persuadé que, face au rouleau compresseur des TCC, défendre la psychanalyse qui s’est enrichie des apports de Jung, Anzieu, Green, Fromm, Reich, Klein, Dolto… relève d’un acte de résistance contre cette volonté hégémonique de manipulation cognitive des comportements, car elle tend au contraire à travailler sur les singularités, sur la parole, sur notre humanité la plus profonde.

      Je ne suis pas psychanalyste, je n’ai donc rien à défendre et rien à perdre, mais dans le cadre de mes recherches dans un domaine assez éloigné (musicologie), j’ai pu constater que certains concepts psychanalytiques se trouvaient largement validés. Là encore, la nuance s’impose entre la psychanalyse conceptuelle et la thérapie psychanalytique, l’efficacité critiquée de la seconde n’invalidant pas la première.

      Personnellement, je trouve cette guéguerre des chapelles et des égos regrettable, d’un côté comme de l’autre. Il serait plus judicieux – comme tente de le faire une nouvelle discipline : la neuropsychanalyse – de travailler ensemble, l’objectif commun étant de soigner et traiter des malades qui sont un peu les oubliés dans cette affaire.

      1. En fait, ce qui me trouble est cette insistance sur la valeur thérapeutique du fait de devoir payer son analyste, simplement ce point là. J’ai été un peu rapide dans mon « agacement » ce matin (J.C.Milner a le dont de me faire sortir de mes gongs).

        Il est difficile de d’écarter de l’acte de payement toute « valeur » thérapeutique, cependant en faire la condition de réussite d’une thérapie n’est pas non plus possible, comme si aucune parole non étayée sur cette façon de donner n’avait de valeur, comme si c’était la seule chose qui « certifiait » une valeur.

        Je trouve Roudinesco moins fanatique qu’avant, plus posée, beaucoup plus ouverte à la discussion qu’avant.

        De mon temps on nous disait que la psychanalyse avait autant d’efficacité thérapeutique que le fait d’être inscrit sur les listes d’attente pour bénéficier d’une telle thérapie…

        Personnellement j’ai fait 10 ans de thérapie en face-à-face, je pense que ce fut une perte de temps, mais au moins j’avais un interlocuteur. Il y a des gens pour qui l’analyste est la seule personne qu’ils voient en gros, pendant la semaine…

        J’ai entendu ce matin dans l’émission des « nouveaux chemins de la connaissances » des paroles de bon sens à savoir que la psychanalyse est intransmissible et que chaque analyste devait la réinventer, d’autre part que la forclusion du nom du père n’avait guérit personne…

        Autre chose, Lacan cité ce matin parlait du grand Autre comme d’une scène du langage, Melman disait qu’à force d’échecs il arrivait qu’on puisse se sentir rejeté par le grand A, omettant de dire ce qu’aurait ajouté Kierkegaard à savoir que la vie est un échec et qu’on en est forcément « rejeté » un jour, comme quoi seuls les immortels sont pleinement acceptés par le grand A.

        Je vois mal des masse de gens analysés aller manifester, eux qui sont habitués au silence feutré des antichambres. Lire Minima Moralia ! Adorno.

        Quant à la musique, on lui dénie la faculté d’énoncer un contenu…

      2. @ lisztfr

        Sur le fait de payer son analyste, je n’ai pas réfléchi à cette question.

        Cependant, dans un tout autre domaine, j’ai souvent constaté lors de concerts auxquels je participais comme instrumentiste que la gratuité induisait de la part du public une moins grande attention, voire des bavardages. Au contraire, le public qui paye (même quelques euros symboliques) se montre plus silencieux, plus attentif. Il en veut pour son argent pour parler trivialement. N’en serait-il pas de même avec l’acte de paiement lors d’une cure psychanalytique ? Le patient en veut pour son argent et se montre dès lors, peut-être, plus coopératif, plus investi dans son analyse. C’est une 1ère hypothèse.

        Une 2ème serait en lien avec le rapport, selon Freud, qui existerait entre l’argent et l’analité. L’argent, symbole de l’excrément et des immondices, permettrait en le donnant de se décharger des « immondices » refoulés dans notre inconscient. Par ce geste symbolique et chargé de signification, l’analysant se purge, se vide de ses déchets.

        3ème hypothèse : l’argent a cette capacité de « dépersonnaliser » la relation et en l’occurrence de limiter un transfert trop fusionnel entre l’analysant et l’analyste. Il « déculpabilise » aussi l’analysant qui, sans ce geste, deviendrait le débiteur de l’analyste et prend le risque en accumulant une dette symbolique de développer un sentiment de culpabilité, voire d’ingratitude, qui serait néfaste au bon déroulé de l’analyse. L’argent par sa valeur d’échange « assainit » la relation.

        Certes, rien de tout cela ne prédit la réussite de la thérapie, mais peut y contribuer sans oublier que là comme ailleurs, l’effet placebo joue à plein. De là à en faire, le primum movens de la réussite d’une cure, il y a un pas difficile à franchir et sur ce point je vous rejoins.

        Quant au rapport entre musique et psychanalyse, ou plus justement l’inconscient, je me situais au plan conceptuel et pas thérapeutique. Il existe de très fortes corrélations entre le fonctionnement de nos structures profondes et la musique. Cela peut paraître évident, mais les évidences ont toujours besoin d’être démontrées et validées.
        A l’appui de ma démonstration, je reprends la théorie de Lacan selon lequel l’inconscient serait structuré comme un langage, la théorie freudienne sur le le principe de plaisir/déplaisir et celle de Jung sur les archétypes. On pourrait y rajouter en ce qui concerne Jung : l’inconscient spirituel et le principe d’individuation. Quand on étudie ces principes, on se rend compte qu’il existe de nombreuses corrélations entre ces théories et les structures expressives de la musique.
        En ce qui concerne les archétypes, je vous invite à lire – si ce n’est déjà fait – « Musique au singulier » de François Bernard Mâche.
        Ce travail m’avait conduit à émettre l’hypothèse, en complément de celle de la neuropsychologue Isabelle Péretz (1) que la musique aurait été retenue par la sélection naturelle, non pas seulement pour ses effets collectifs d’appartenance, mais aussi parce que, du fait d’une organisation analogue, elle rentrerait en résonance avec celle de nos inconscients individuels. C’est une piste qui permet de répondre à la double question du « pourquoi la musique? » et de son universalité.
        J’ai pris ici beaucoup de raccourcis, et mon propos pourra paraître un peu abscons, mais c’est la conclusion à laquelle j’étais parvenu.

        (1)  » La musique n’est pas un simple jeu pour l’esprit. Elle répond à un besoin biologique. Un besoin d’appartenance. L’humain est une espèce éminemment sociale. Pour préserver ce trait, elle aurait donc conservé, dans une petite partie de son cerveau, la musique comme moyen unificateur. Dans l’évolution de notre espèce, le cerveau musical aurait été un avantage adaptatif, retenu par la sélection naturelle  » (www.brams.umontreal.ca)

      3. @ FOD

        Dit comme ça, ça va (concernant le prix de la thérapie).

        Concernant la musique, j’avais un prof qui analysait une des grandes symphonies de Beethoven en éléments signifiants, posant ainsi les jalons d’une première espèce d’analyse de contenu d’une oeuvre musicale. Il s’agit de Mr. Imbert (Paris X). Il voyait qu’à tel endroit B employait une fanfare sur un air populaire, etc d’où une sorte de langage symphonique tout à fait déchiffrable, selon lui (je ne sais pas où il en est actuellement).

      4. Un vrai scientifique n’affirme jamais; il fait état, en fonction des connaissances acquises, de ce que l’on peut raisonnablement déduire, en attendant que des faits ou expériences nouvelles viennent infirmer ou modifier ces déductions. C’est la démarche d’authentiques scientifiques que sont Etienne KLEIN ou Jean Claude AMEISEN

  9. Bouts de ficelle en effet !

    L’entourage de M. Sarkozy nous le fait savoir explicitement!, sans aucun risque parce que l’écart est tellement ridicule qu’il passe inaperçu (j’avais aussi calculé que la taxe prévue correspondrait à une vingtaine d’euros par foyer fiscal si elle était uniformément répartie.)

    1 646 milliards d’euros: dette de la France (Wikipedia)
    0,5 milliard d’euros: « Dans l’entourage de M. Sarkozy, on relève cependant qu’il ne s’agit pas d’en faire une mesure de rendement fiscal et que cette disposition [la taxation des très hauts revenus] pourrait ne pas rapporter plus de 500 millions d’euros [par an]. » (Le Monde du 24 aôut)

    Au passage, il semblerait plus efficace de céder quelques dizaines de « chef-d’oeuvres importants » à la Chine. 0,1 milliard d’euros: Jackson Pollock, «n°5, 1948», pièce d’une collection privée adjugée 140 millions de dollars soit environ 100 millions d’euros.

    Parmi les mesures annoncées ou proposées il faudrait distinguer celles qui sont destinées à avoir un effet sur l’opinion et celles qui sont du même ordre de grandeur que les problèmes qu’elles prétendent corriger, sinon seul un tout petit nombre de spécialistes s’y retrouvent.

  10. Mr Leclerc,

    Mais où puisez-vous votre inspiration pour les titres de vos billets? Pourrez-vous tenir à ce rythme jusqu’à la fin de cette crise, si toutefois cette crise a une fin? En tout cas, chapeau!

  11. http://geeko.lesoir.be/2011/09/09/la-belgique-pas-de-gouvernement-pas-de-probleme/

    Mais « la chaîne Nma.tv n’a pas peur de verser dans le ridicule pour expliquer la crise belge »

    http://www.lesoir.be/actualite/economie/2011-09-09/l-economie-belge-resiste-bien-861844.php

    Mais « Il faudra réaliser entre 7 et 8 milliards d’économies pour boucler le budget 2012, a affirmé ce vendredi matin le Premier ministre en affaires courantes, Yves Leterme »

  12. C’est normal.
    Les candidats sont choisis par la bourgeoisie pour leur soumission mais aussi leur talent.
    Obama n’en manque pas, Sarko non plus.

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